Bassil: Il n’existe aucune raison justifiant la présence continue des déplacés syriens et sa continuité s’est transformée en occupation…

Le président du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, a souligné le silence que cède au Liban au sujet du retour des déplacés syriens.
Dans une interview accordée à l’émission SpotShot sur le site Lebanon Debate, il a expliqué que c’est dans ce contexte que le CPL célèbrera la commémoration du 26 avril en réclamant le départ de « l’armée des déplacés syriens » du Liban, car il n’y a plus aucune raison qui justifie leur présence.

Bassil a insisté sur le fait que « nous ne cherchons ni à attiser les tensions ni à créer un conflit avec le peuple syrien », précisant que « la Syrie est notre voisine et nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec elle. Nous n’avons aucun problème avec les Syriens présents légalement sur notre territoire : ils vivent parmi nous, travaillent, disposent d’un permis de travail et d’un titre de séjour régulier. En revanche, depuis la chute du régime syrien, rien ne justifie la présence continue de ceux qui ont un statut illégal ».
Il a également averti que « la situation actuelle au sein du gouvernement est extrêmement préoccupante : elle institutionnalise la présence illégale, qui atteint désormais un niveau d’occupation humaine par plus de deux millions de Syriens, représentant entre 200 et 250 déplacés par kilomètre carré »
« Cela constitue une menace directe pour notre identité », a-t-il insisté.

Il a affirmé que la souveraineté libanaise est aujourd’hui mise en péril par la présence de deux millions d’étrangers sur notre sol et ce, contre notre volonté. Il a souligné que « les lois nationales et internationales sont bafouées en maintenant les déplacés syriens au Liban, puisque la raison de leur arrivée ici n’existe plus ».
« À l’époque, nous disions qu’il fallait permettre l’entrée des déplacés pour des raisons humanitaires, selon un cadre spécifique, mais les déplacés économiques n’étaient pas autorisés à entrer. Alors, qu’en est-il aujourd’hui ? », a-t-il ajouté.

« La leçon à tirer de la question des déplacés syriens, c’est que, depuis 2011, nous avons résisté seuls. Mais si les autres forces se joignent à nous, nous espérons réellement pouvoir atteindre cet objectif. En effet, les autres partis ne nous ont pas soutenus sur ce dossier, car ils obéissent à des pressions extérieures.
« Regardons l’évolution des événements : avant la chute du régime syrien, des circonstances internes se mettaient en place pour favoriser cette situation. En 2011, il était estimé que cette question allait à l’encontre du régime syrien et qu’il était crucial que les déplacés restent au Liban pour constituer une force électorale et militaire mobilisable en cas de besoin. Après la résistance du régime syrien, des pressions ont commencé à être exhortées pour organiser le retour des déplacés. Aujourd’hui, avec la chute du régime d’Assad et l’arrivée d’un nouveau gouvernement, il n’y a plus aucune raison de maintenir leur présence, et la volonté internationale va désormais dans ce sens », a-t-il expliqué.

« Le président Michel Aoun, sur toutes les scènes internationales, a toujours pris des positions fermes sur la question des déplacés. Nous n’avons pas cédé, nous n’avons pas obéi aux pressions extérieures. Nous savons qu’il y avait une volonté politique et des groupes soumis, mais aujourd’hui, la situation a changé : la chute du régime Assad annule toute justification pour la présence continue des déplacés Syriens au Liban. »

« La communauté internationale nous doit désormais quelque chose, car nous portons le fardeau d’une crise que nous n’avons pas créé. C’est elle, avec le régime syrien, qui en sont responsables. Il est donc nécessaire que les institutions internationales compensent les pertes que le Liban a subies. »
Bassil a affirmé que « le retour des déplacés est possible, mais seulement si nous agissons dans cette direction. »
Bassil a expliqué que « nous devons mener une campagne de sensibilisation juridique, institutionnel et humanitaire sous toutes ses formes. Nous avons présenté sept lois au Parlement. La première que j’ai proposée en tant que député concernait la question des déplacés syriens. Ce qui me déçoit, c’est que ces lois n’ont pas été adoptées. »
« La dernière loi que nous avons soumise exige le départ des Syriens du Liban dans un délai de six mois, sauf pour ceux qui sont en situation régulière, » a-t-il ajouté.
Bassil a ensuite souligné l’écart flagrant entre la réalité d’aujourd’hui, les attentes des Libanais et l’action du gouvernement. La chute du régime Assad a rendu caduque la présence des déplacés au Liban. »
Bassil a souligné que « la sécurité en Syrie n’est plus la responsabilité du Liban, puisque les manifestations contre le régime ont cessé, qu’il n’y a plus d’actes perturbateurs de l’ordre public, ni de guerre contre le régime. » Selon lui, Ils ont fui à cause de la guerre, et il existe des lois internationales dont nous sommes exclus. Le monde impose au Liban des principes qui vont à l’encontre des normes internationales qu’il a lui-même définies. Il a ensuite insisté sur le fait que nous réussirons à faire partir les Syriens du Liban, mais le problème est que le temps nous échappe.
Bassil a évoqué la campagne menée contre lui par Al-Safir lorsqu’il a proposé d’enregistrer les naissances syriennes au Liban afin qu’elles ne soient pas considérées comme des ‘personnes sans identité ’.
« J’ai suivi cette démarche, envoyant les informations à l’ambassade syrienne au Liban et à notre ambassade en Syrie pour les en informer. Mais en retour, une campagne a été lancée contre moi, avec des accusations de racisme. Ces personnes s’enregistrent, naissent, se marient ici et deviennent partie intégrante de la société libanaise. C’est pourquoi nous parlons de danger existentiel, car elles modifient notre identité, » a-t’il-expliqué.
Il a aussi mentionné le décret de naturalisation de 1994, soulignant que « certaines municipalités ont vu leur identité et leur caractère changer à cause des naturalisés. Certains méritent la nationalité libanaise, car ils ont des origines libanaises et possèdent des biens ici, tandis que d’autres n’ont aucun lien avec le Liban, vivent à l’étranger, viennent uniquement pour percevoir de l’argent, voter, puis repartent. »

Selon Bassi, le CPL était au cœur de la légitimité avant les années 1990, mais avec le peuple dans un conflit militaire. En 2005, il a fait son retour à l’État via le Parlement, mais n’était pas au centre du pouvoir du fait de rester hors du gouvernement entre 2005 et 2008. »
« Tous ont participé au pouvoir, mais nous sommes restés en dehors du gouvernement, que nous avons rejoint en 2008. À partir de là, nous avons intégré le pouvoir, mais sans exercer véritablement la gouvernance. En 2016, avec l’élection du général Michel Aoun à la présidence, nous avons enfin accédé au pouvoir. »
« En 2022, nous sommes sortis du pouvoir et du gouvernement et aujourd’hui, nous sommes dans la même situation qu’en 2005-2008 : présents dans l’État, mais hors du pouvoir et de la gouvernance, » a-t-il ajouté.
Pour lui, la période la plus difficile avait été celle où le CPL était à la fois dans l’État, au pouvoir et dans la gouvernance. »

Bassil a aussi évoqué les accusations de ne rien avoir accompli pendant le mandat du président Michel Aoun, précisant que la réalité était tout autre : « Nous avons fait beaucoup de choses, depuis la bataille de Fajr al-Jroud jusqu’à l’adoption d’une loi électorale juste, en passant par l’approbation des décrets sur le pétrole et le gaz, ainsi que des budgets qui n’avaient pas été votés depuis 2005. Mais cela reste bien en deçà de ce que nous aurions voulu accomplir. »
« Le problème n’est pas de nous diviser entre Libanais, mais de savoir comment nous unir pour réaliser des avancées. Le vrai problème, c’est que nous n’avons ni majorité au Parlement, ni au gouvernement, et le président de la République ne dispose pas des pouvoirs nécessaires pour agir seul, » a-t-il déclaré.
Bassil a insisté sur le fait que « nous n’avons pas été surpris par le retrait de l’armée syrienne, car cela était attendu. Nous avons été les seuls à rester en exil, à résister, mais ce n’est pas uniquement nous qui avons expulsé les Syriens. En mars 2005, il y a eu une convergence intérieure, renforcée par l’assassinat de Rafic Hariri et cette volonté interne a trouvé un écho à l’étranger, ce qui a accéléré les événements. »

En ce qui concerne les armes du Hezbollah, Bassil a souligné que la possession des armes et la décision de leur utilisation devaient revenir à l’État. Il a expliqué que le Hezbollah n’avait pas réussi à convaincre les Libanais sur la manière de gérer cette arme, l’utilisant dans des directions qui ne servaient pas les intérêts du Liban. Cela ne signifiait pas nier la menace israélienne ou prendre position en sa faveur, mais plutôt réaffirmer le principe fondamental selon lequel l’État doit détenir le pouvoir de décision sur l’usage de la force. Cette nécessité est d’autant plus urgente aujourd’hui, à cause de l’erreur stratégique commise par le Hezbollah. Selon lui, l’intérêt du Liban réside dans sa neutralité par rapport aux conflits régionaux, afin de garantir sa sécurité et sa protection.

Bassil a raconté comment il avait rendu visite pour la première fois au général Michel Aoun en exil en France, en 1993, à la Haute Maison, lors de la nuit de Noël. Il a rappelé que le général Aoun avait toujours été soucieux d’éviter la violence et l’utilisation des armes, insistant constamment sur le fait que la lutte devait rester pacifique pour expulser l’armée syrienne.

Il a ajouté qu’il avait accompagné le président Aoun lors de ses déplacements aux États-Unis dès 2001 pour faire adopter la loi de restauration de la souveraineté du Liban. Bassil a souligné que la force du général Aoun ne résidait pas seulement dans son passé militaire en tant qu’ancien commandant de l’armée ou dans son rôle politique en tant qu’ex-président du gouvernement intérimaire, mais dans sa capacité à mener une révolution depuis son exil.
Il a affirmé qu’ils avaient lutté depuis 1990 sans jamais penser à leur avenir politique.

Selon Bassil, le président Michel Aoun leur avait enseigné qu’il était possible « de l’anéantir » sans qu’il ne signe ou cède, et que son refus de se soumettre et de signer lui avait donné l’honneur de la résistance par la suite.

Il a ensuite expliqué que, contrairement à ceux qui avaient rejoint le pouvoir, c’était eux qui avaient refusé «l’ occupation » et que, petit à petit, les gens s’étaient ralliés à leur cause, créant ainsi un mouvement populaire grandissant qui leur a permis d’obtenir un soutien international lors du 14 mars 2005.

Bassil a aussi évoqué les années 1990, rappelant que les voyages pour rendre visite au général Aoun faisaient partie des plus belles périodes de sa vie. Il a ajouté que lorsqu’il était assis à la table du conseil des ministres, il se sentait comme dans une « prison », pire que celle du 7 août, car ils étaient contraints de parvenir à un consensus pour adopter des décisions dans le pays.

Se rappelant des événements du 7 août, Bassil a raconté qu’à l’époque, alors qu’il était secrétaire général du CPL à Antélias, leur bureau avait été perquisitionné par une unité de l’armée, qui les avait arrêtés. Deux jours plus tard, un autre groupe de jeunes avait été arrêté près du musée national. Malgré tout ce qu’ils avaient subi à cette époque, cette période lui semblait plus belle que l’exercice du pouvoir lui-même, car celui-ci selon lui, épuise les gens et fait perdre la pureté du combat.

Il a enfin souligné qu’au Liban, on joue souvent la carte de la popularité facile. Être hors du pouvoir permet de se déresponsabiliser en rejetant la faute sur les autres. Pourtant, même aujourd’hui, bien qu’en dehors du pouvoir, ils cherchent à assumer leurs responsabilités. Et lorsqu’ils étaient à l’intérieur du système, ils tentaient d’y mener une opposition de l’intérieur. Malheureusement, selon lui, ils ont été assimilés à la classe dirigeante simplement parce qu’ils siégeaient à la même table, et ils en ont payé le prix.

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