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Bassil en détaillant la carte pour protéger le Liban: La résolution 1701 et la stratégie de défense sont complémentaires… et l’Etat est la référence

I – Principes et Fondements

L’objectif de cette allocution aujourd’hui est simple : démontrer comment la résolution internationale 1701 et la stratégie de défense du Liban se rejoignent, voire se complètent parfaitement. La première, soit la résolution 1701, relève de l’échelle internationale entre le Liban, Israël et la communauté internationale, tandis que la seconde, la stratégie de défense, concerne le plan interne entre les Libanais. Ainsi, la seule solution actuelle pour arrêter la guerre contre le Liban est l’application de la résolution 1701 en deux étapes : d’abord, un arrêt des hostilités, et ensuite, un cessez-le-feu total et une solution durable par 1) l’application des résolutions internationales, 2) le respect de l’accord d’armistice, et 3) l’engagement envers l’accord de Taëf. Tous ces éléments figurent dans le texte de la résolution 1701.

Vient ensuite la stratégie de défense qui découle d’un consensus national libanais visant à aborder la question des armes en préservant d’abord l’unité nationale, en rendant ensuite au Liban ses droits, et enfin en lui conférant la capacité de se défendre et de se protéger sous la direction de l’État libanais (fort, capable et juste). Il ne s’agit pas d’un conflit national pour le désarmement par la force, risquant pour commencer de perdre l’unité nationale, ensuite les droitsetfinalement  la capacité d’une auto défense, tout cela en l’absence de l’État, où régneraient alors le chaos, les conflits, les discordes et les guerres internes. Existe-t-il un choix à faire entre les deux? Tout patriote sensé choisira forcément la résolution 1701 et la stratégie de défense. Et si l’on demande si les choses peuvent se régler aussi simplement, la réponse est non : cela a coûté des milliers de martyrs, de blessés, des destructions colossales chiffrées en milliards de dollars, et le déplacement de notre peuple à travers le pays.

Y aurait-il une autre meilleure option ? à moins que certains ne cherchent à se lancer dans des aventures insensées et des paris perdus d’avance qui ne feraient que ramener des divisions, des guerres et la perte de l’État et de la patrie, comme cela s’est produit entre 1975 et 1990, pour en arriver ensuite à un accord national dont la nature et le coût nous sont inconnus.

Bien sûr, la résolution 1701 et la stratégie de défense ne suffisent pas à elles seules. Elles constituent la base internationale et interne pour un cessez-le-feu total et définitif, c’est-à-dire pour mettre fin à la guerre. Cependant, pour qu’une solution soit durable, il est nécessaire de garantir un consensus et un soutien international et interne pour armer l’armée libanaise afin de la rendre capable de défendre le Liban, et pour neutraliser le Liban des conflits régionaux auxquels il n’a aucun intérêt. Tout cela doit être accompagné de garanties internationales visant à contenir Israël, à l’empêcher d’agresser le Liban et à restaurer ses droits territoriaux. C’est ainsi que la cessation permanente de la guerre peut être assurée. Quant à la paix durable, elle est d’une autre nature ; elle exige, en plus de la consolidation de nos droits sur les terres et les ressources, le retour des réfugiés et des déplacés, dans le cadre d’une résolution du conflit arabo-israélien et de l’initiative de paix arabe de Beyrouth en 2002.

 

II – Analyse et Détails

Voici l’idée générale, mais pour comprendre plus en détail comment la résolution 1701 et la stratégie de défense se rejoignent, il est nécessaire de fournir quelques explications et analyses. Les Libanais doivent savoir que, dans la première phase de la résolution 1701, le Hezbollah a cessé le feu, ses opérations militaires et toute apparition armée. Quant à Israël, bien qu’il ait arrêté ses opérations militaires, n’a pas mis fin à ses agressions et a continué à violer la souveraineté libanaise par terre, mer et air, en plus de maintenir des violations aux frontières, notamment en occupant la partie libanaise du village de Ghajar. Israël n’a donc pas appliqué intégralement la première phase de la résolution, ce qui empêche un véritable passage à la seconde phase conduisant à une solution durable.

 

Dans la deuxième phase, il incombe au Liban d’établir une zone exempte d’armes et de combattants entre la ligne bleue et le Litani, de cesser l’entrée d’armes, et de garantir que l’autorité de l’État seul s’exerce, conformément aux résolutions internationales et à l’accord de Taëf.

Mais Israël doit également se retirer de l’ensemble des territoires libanais occupés, arrêter ses violations et mettre en œuvre toutes les résolutions internationales pertinentes. En ce sens, la stratégie de défense est une traduction interne de la résolution 1701, fournissant un mécanisme d’application interne consensuel pour l’appliquer par accord national, de manière à ce que les armes ne soient pas perdues inutilement mais deviennent un élément de la force du Liban, sous la direction exclusive de l’État, en conformité avec l’accord de Taëf, qui prône l’intégration à l’État et le renforcement efficace de l’armée, ainsi qu’une prise de décisions stratégiques conformément à la Constitution et une politique nationale qui éloigne le Liban des conflits extérieurs.

Cette stratégie repose donc sur l’accord d’armistice, les résolutions internationales et l’accord de Taëf, mais surtout sur l’entente entre les Libanais quant à la nécessité et la priorité de construire un État garant de l’application de la loi, de la liberté, de la justice et de l’égalité.

 

III – Explications et Clarifications

Nous avons exprimé notre opposition au Hezbollah sur l’idée de l’unité des fronts et de l’appui mutuel, car nous y voyons un danger pour les intérêts du Liban. Bien que l’initiateur de cette stratégie ait eu d’autres intentions, il n’a pas assuré les éléments nécessaires à sa réussite, que ce soit en termes de légitimité internationale pour garantir une couverture externe ou de légitimité interne en respectant la participation nationale pour obtenir un soutien populaire. Ainsi, l’ennemi israélien a exploité le manque de « légitimité internationale et nationale » pour attaquer le Liban et imposer de nouveaux rapports de force, inversant l’équilibre que la résistance avait établi et qui avait protégé le Liban pendant plusieurs années, causant des dommages considérables au Liban et à la résistance – des dommages qui auraient pu être évités en respectant la résolution 1701.

Nous tenons fermement à notre droit de refuser cette stratégie nuisible au Liban, tout en refusant également de laisser Israël profiter de cette erreur pour justifier une guerre qui infligerait des dommages encore plus graves au Liban. Affaiblir la résistance sans fournir de solution en rechange pour protéger le Liban offre à cet ennemi une plus grande capacité d’imposer son programme expansionniste au détriment du Liban.

Le Liban est donc aujourd’hui confronté à un projet destructeur visant à l’asservir, à imposer une tutelle sécuritaire, à violer sa souveraineté et à s’approprier ses ressources, en dévastant son peuple, ses biens, son économie, et en altérant son tissu social et sa composition démocratique. Sa réponse officielle et populaire face à cela est d’appeler à la mise en œuvre de la résolution 1701. Pourquoi la résolution 1701 et rien d’autre?

La résolution 1701 est adéquate pour résoudre la crise sans qu’il soit nécessaire de l’amender ou d’y ajouter des dispositions supplémentaires. Ce n’est pas le Liban qui manque à ses obligations, mais l’absence de mise en œuvre de la résolution résulte du refus d’Israël d’honorer ses engagements. Nous démontrerons cela en nous basant sur des éléments textuels et la chronologie des faits :

1. La résolution 1701 s’appuie sur des résolutions internationales antérieures pour établir un cadre international.

2. Elle a été adoptée sous le chapitre VI en reconnaissant que la situation au Liban constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.

3. La résolution répartit les engagements des parties en deux phases : la première est un arrêt des hostilités, détaillée dans les paragraphes 1 à 7, et la deuxième est un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme, énoncée dans les paragraphes 8 à 18. Nous restons dans la première phase, car le Liban a rempli ses engagements en déployant des unités de l’armée et en cessant les attaques armées du Hezbollah au-delà de la ligne bleue. Il reste les engagements de la seconde phase concernant les armes, les résolutions internationales et l’accord de Taëf. Israël, de son côté, n’a respecté aucun des termes de la première phase, hormis l’arrêt de ses attaques militaires, continuant ses violations avec plus de 37 000 infractions documentées (et occupant toujours le village de Ghajar), rendant impossible la transition vers la seconde phase.

4. Les retraits d’Israël devaient initialement se limiter aux territoires non contestés, tels que la partie libanaise du village de Ghajar et les autres zones occupées pendant la guerre de juillet 2006. Il existe également un lien entre la fin de l’occupation et le respect des obligations concernant les armes de la résistance, de sorte qu’une absence de manifestations armées autre que celle de l’ONU et de l’armée suffit dans la première phase, tandis que l’absence de toute présence armée en dehors de celle de l’État libanais, conformément aux résolutions internationales, est la clé d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution durable pour la question des frontières et des fermes de Chebaa, qui seront abordées en phase deux.

5. La seconde phase s’articule autour de quatre piliers : premièrement, le Secrétaire général des Nations unies doit, dans un délai de 30 jours, proposer des mesures pour mettre en œuvre la résolution ; deuxièmement, établir une zone sans armes, sans combattants entre la ligne bleue et le fleuve Litani ; troisièmement, appliquer l’accord de Taëf ainsi que les résolutions 1559 et 1680, donnant à l’accord de Taëf une portée internationale en matière de désarmement ; enfin, renforcer la coopération entre la FINUL et l’armée pour empêcher l’entrée d’armes.

 

Sur cette base, la résolution 1701 a imposé un calme relatif à la frontière durant 17 ans, mais la solution à long terme n’a pas été réalisée faute de mise en œuvre complète de la résolution, en raison du refus d’Israël. Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait même proposé de placer les fermes de Chebaa sous administration de la FINUL en attendant l’application de la résolution 242, argument invoqué par Israël. Le gouvernement libanais avait approuvé cette proposition, mais Israël l’avait rejetée.

Nous nous alignons donc pleinement sur la position officielle libanaise en insistant sur la nécessité d’appliquer la résolution 1701 et en affirmant que le pacte national et la Constitution ne pourront protéger le Liban sans un Président de la République prêt à engager et diriger les négociations face aux menaces pesant sur le pays, lui qui est investi d’une symbolique particulière par la Constitution pour protéger l’indépendance.

Nous rendons hommage aux jeunes résistants et à leurs martyrs pour leur défense du Liban et pour avoir empêché l’ennemi israélien d’occuper notre terre. Nous appelons la résistance à se joindre au consensus national en faveur d’un cessez-le-feu et de la mise en œuvre de la résolution 1701, indépendamment des événements dans la région, et à participer sans délai à un dialogue national, sous la présidence du Chef de l’État, pour établir une stratégie de défense qui mettra fin aux différends sur les armes, et mettra en priorité le renforcement et l’armement de l’armée pour la défense du Liban, en respectant tous les principes internationaux pour préserver le pays.

Nous réitérons également notre initiative pour le dossier des invités résidents, en soulignant l’importance de leur protection comme celle des résidents locaux, la priorité étant de maintenir l’unité nationale et la paix civile, d’éviter tout ce qui pourrait entraîner des troubles, et d’appeler les forces de sécurité à assumer leurs responsabilités pour garantir la primauté de l’État.